Le Muret - Fraipont / Bailly

Rosie est une jeune fille de 13 ans contrainte de se débrouiller par elle-même depuis que ses parents font passer leurs carrières et amants à l’étranger avant son éducation. Vivant seule dans la maison familiale, elle en profite pour aménager un mode de vie qui lui convient mieux, fait de jeux vidéo, de sa copine Nath, d’une alimentation simple et peu variée et de nuits dans le canapé devant la TV.

Elle tente de la combattre mais la peur l’envahie souvent dans la solitude de cette grande maison. Et les tentations sont nombreuses quand on est livré à soit même à cet âge où l’on est avide de sensations fortes. Rosie fume et se met à boire de l’alcool. 

Puis, quand Nath se trouve un petit copain, Rosie se retrouve encore plus seule. C’est alors qu’elle va faire la connaissance de Jo, au sommet de ce petit muret où elle aime tant trainer. Jo n’est pas beaucoup plus vieux qu’elle et vit seul également. Fan de musique punk, dealant pour s’en sortir, il va entrainer Rosie dans des expériences nouvelles, lors desquelles se deux âmes perdues vont se rapprocher et réussir à se rassurer l’un et l’autre. Mais peut-on bruler la chandelle par les deux bouts à un si jeune âge?

Dans ce quotidien ordinaire de deux jeunes adolescents à la dérive, Céline Fraipont insuffle par petites touches un mal être et des questions existentielles propres à cette période de la vie où l’on se cherche et l’on se construit. Mais sans véritables repères, le chemin devient chaotique et dangereux. Rosie ne s’en plaint pas, elle se sent enfin en sécurité auprès de Jo et son univers la fascine.


Ces existences désordonnées sont illustrées dans un noir et blanc qui rappelle certains romans graphiques américains, ce qui leur offre profondeur, simplicité et sincérité. Pierre Bailly n’a pas besoin d’user d’artifices, chaque ambiance est parfaitement rendue et les aplats de noir sans aucunes nuances de gris représentent parfaitement l’austérité et la fatalité de ce récit.

Le Muret est emprunt de mélancolie, de douceur et de violence. Parfois peu bavardes, ces cases n’en sont pas pour autant muettes et la contemplation d’instants précieux, silencieux, immerge encore plus le lecteur dans cette tourmente. Une lecture hautement recommandée pour les amateurs de récits poignants et sensibles.




Scénario : Céline Fraipont - Dessins : Pierre Bailly 
Editeur : Casterman - Collection Ecritures - Récit complet.  





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