Ratman - Sekihiko Inui

La concurrence est rude dans le monde de l’édition ; hors gros titres, il n’est pas toujours facile de tirer son épingle du jeu. Kana s’y emploie avec quelques séries sympathiques, pas prise de tête, mais plutôt efficaces. Il y avait eu Kongoh Bancho, Que sa volonté soit faite, plus récemment Zettai Karen Children (que j’avais tout de même trouvé un peu léger), il y a désormais Ratman : où comment assumer son statut de super-vilain quand on rêvait de devenir super-héros.

Dans ce monde, les super-héros courent les rues ; littéralement. Icônes modernes, ils tournent vite à l’égérie de grands groupes financiers, tels des hommes sandwich d’un nouveau genre. Pas étonnant qu’ils fassent rêver la plupart des adolescents et qu’ils suscitent des vocations.

Shuto Katsuragi fait partie de ces fans inconditionnels qui ne manquent aucuns des faits et gestes de ses modèles. Lui aussi rêve de devenir super-héros, de sauver la veuve et l’orphelin, d’agir dans de désintéressement total. Un concours de circonstances va lui permettre d’endosser le rôle de Ratman. Rêve qui se réalise ? Pas tout à fait car il doit en fait agir pour le compte d’une organisation criminelle, ce qui ne manquera pas de lui valoir quelques dilemmes moraux…

Avec deux tomes sortis simultanément et un troisième fraîchement arrivé, on a eu le temps de se familiariser avec la série et de voir ce qu’elle laissait deviner pour la suite. On est clairement ici dans un shônen relativement classique, mélangeant aventure, sérieux et humour. Sekihiko Inui rentre dans le vif du sujet dès le début de l’histoire, si bien qu’à la fin du premier tome on a déjà une idée assez précise de l’univers et des protagonistes.

Le personnage de Shuto, 15 ans mais qui en paraît 12, est d’une naïveté confondante et d’une bienveillance permanente. Ce qui lui vaudra nombre de désillusions et génèrera pas mal de situations cocasses. La meilleure idée du scénario restant tout de même ces super-héros aux pouvoirs réels, mais totalement vendus à des marques ou à des lobbies, sortes de vitrines publicitaires sur pieds.

Graphiquement Inui ne s’en sort pas mal, dans un style rebattu mais bien maîtrisé. La transformation en Ratman et le contraste avec la bouille juvénile de Shuto est particulièrement réussie. De plus, l’édition soignée de Kana rajoute à l’aspect positif qui se dégage du titre.

Ratman est une petite série qui, sans avoir de grandes prétentions, permet de passer un bon moment. Les dessins sont bien maîtrisés et le scénario bien rythmé. Relativement drôle, Ratman ne fait pas non plus dans la grosse déconnade et cherche à développer (même si c’est encore à la marge) les personnages secondaires et à agrémenter cet univers bien trouvé. La suite ne devrait pas réserver d’énorme surprise, mais sans aucun doute quelques chouettes moments.






Scénario & dessins : Sekihiko Inui - Editeur : Kana - 3 tomes - Série en cours.
RATMAN © Sekihiko Inui 2007 / KADOKAWA SHOTEN Publishing Co., Ltd.


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